Écrivain public ET correspondante locale de presse
Un peu avant la création de Ce que je veux dire, j’ai réalisé un micro-trottoir pour questionner les passants sur ce qu’est un écrivain public. Pour plusieurs d’entre eux, l’écrivain public était celui qui relayait et relatait des informations locales pour la presse. J’expliquais alors que cela n’était pas du ressort de l’écrivain public, mais du correspondant local de presse.
Plusieurs mois ont passé et il s’est avéré que j’ai répondu à une annonce d’un journal local : ce journal était à la recherche de correspondants locaux pour la commune dans laquelle je réside. J’y ai répondu pour avoir un complément de revenus mais aussi grâce ou à cause d’une petite mésaventure ancienne...
Avez-vous, vous aussi, participé lorsque vous étiez lycéen-ne à ces rencontres avec des professionnels, organisées par votre établissement scolaire ? Le mien les orchestrait dans le gymnase. Dans mon souvenir, c’était une grande salle de sport, suffisamment spacieuse en tous cas pour accueillir un terrain de jeux collectifs comme le basket ou le hand-ball, des agrès de gymnastique et tout au fond, sur un espace surélevé qui tenait lieu d’estrade pour les spectacles, les fameuses cordes à nœuds et cordes lisses sur lesquelles j’avais tant de difficultés à me hisser.
Bref, tout le matériel sportif était mis de côté pour l’occasion et chaque professionnel se voyait doté d’une chaise et d’une table autour de laquelle viendront bientôt s’agglutiner un groupe de jeunes filles surtout (le lycée n’était mixte que depuis peu de temps) en quête de leur avenir.
Dans ce lycée privé catholique de centre-ville, les tables des médecins et avocats étaient prises d’assaut. Mais à mon grand désarroi, celle du journaliste aussi. Il me fut difficile de tendre l’oreille et de jeter un œil sur le graal, un journaliste en chair et en os qui s’écoutait un peu parler, il faut le dire, peut-être un peu émoustillé par toutes ces hormones en ébullition autour de lui. Heureusement j’étais, comme depuis toujours, plutôt de grande taille et je pus grapiller des bribes de conseils distillés par le baveux.
Enthousiaste, voici ce que j’entendis alors : « Si vous n’avez pas 18 de moyenne en français, vous n’avez rien à faire là ». Enfin, c’est ce que je compris en tous les cas, je ne puis prétendre qu’il s’agit là des mots exacts employés par le professionnel de l’écriture.
Je crois que je devins rouge écarlate comme je savais le devenir à l’époque, car de 18 de moyenne en français je ne pouvais me prévaloir, et que je me fis la plus petite possible jusqu’à disparaître tout à fait et me retrouver errante entre les différentes professions, plus attirée par aucune d’entre elles.
Ma vocation de journaliste s’est arrêtée là, tout net.
Alors, lorsque j’ai vu l’annonce concernant le correspondant local de presse, et n’ayant plus 16 ans, je me suis dit : « c’est pour moi ! ». Et je crois bien que le rédacteur en chef adjoint du journal qui m’a reçue ensuite s’est dit la même chose à mon sujet et nous avons fait affaire.
Oui, je sais, vous me direz que journaliste et correspondant local de presse sont séparés par un monde proprement figuré par 5 ans d’études. Pas d’inquiétude ! Je ne me prends pas pour une journaliste et je sais rester à ma place.
Toutefois, quel plaisir de pouvoir être curieuse de tout, d’avoir le droit de poser des questions et d’obtenir des réponses, de faire une « belle ? » photo et, surtout, de rédiger un article, je l’espère, de qualité. Je m’y efforce en tous cas !
Je suis heureuse lorsque les protagonistes me disent que leurs mots ont été respectés, que leurs pensées ont été saisies, que leurs émotions sont palpables au travers de mes rédactions, c’est bien ce que doit faire un journaliste non ? Oui, oui, je me rappelle bien que je ne suis pas journaliste, n’ayez crainte !
Alors oui, j’y consacre un peu de temps (mais de bon temps), oui je suis rémunérée à l’article (selon son format et s’il contient une photo : brève, brève développée (écho), conseil municipal, courant avec ou sans photo, info révélée, interview, portrait ou témoignage et oui, j’apprends sur le tas, et en même temps, je prends beaucoup de plaisir dans un grand espace de liberté qui m’est offert.
Je suis écrivain public et correspondante locale de presse, pour vous servir !